

La classe III est un décalage entre les mâchoires supérieures et inférieures caractérisé par une inversion positionnelle relative : alors que la mâchoire supérieure devrait surplomber la mâchoire inférieure, cette dernière passe, en classe III, en avant de la première. Le décalage de classe III entraine de nombreuses conséquences esthétiques et fonctionnelles et doit être pris en charge.
Le traitement d’une classe III squelettique ou dentaire en orthodontie dépend de plusieurs facteurs, notamment l’âge du patient, la sévérité de la malocclusion, et si le problème est dentaire, squelettique ou mixte.
La classe III squelettique, en cabinet d’orthodontie, est l’une des dysmorphoses nécessitant une prise en charge précoce. Prendre en charge une classe III précocement en orthodontie (généralement entre 6 et 10 ans) est souvent stratégique et peut éviter des complications plus complexes à l’âge adulte. Voici les raisons principales :
1. Profiter de la croissance maxillaire
- En classe III squelettique, le maxillaire (mâchoire supérieure) est souvent en arrière (hypoplasie maxillaire) de la mandibule (mâchoire inférieure),
- La croissance de la suture maxillo-faciale est encore active chez l’enfant, on peut donc stimuler la croissance vers l’avant avec un masque facial,
- Après 10-12 ans, la suture commence à se fermer, le traitement devient moins efficace.
2. Éviter ou minimiser la chirurgie plus tard
- En traitant tôt, on modifie la trajectoire de croissance → on peut réduire la sévérité du problème squelettique ou même l’éviter.
- Cela permet parfois de passer d’un traitement chirurgical à un traitement orthodontique simple à l’adolescence.
3. Améliorer l’esthétique du visage et le bien-être psychosocial
- Un enfant avec un profil concave (menton proéminent) ou un inversé antérieur peut être complexé très jeune,
- Un traitement précoce peut harmoniser le profil facial et améliorer l’estime de soi.
4. Corriger l’interférence fonctionnelle
- Certaines Classe III sont fonctionnelles, dues à un glissement mandibulaire (le patient ferme en avant pour éviter une interférence dentaire).
- Corriger l’inversé de manière précoce permet d’éviter que le glissement devienne squelettique avec le temps.
5. Préparer un bon développement des fonctions oro-faciales
- Une occlusion normale favorise :
- une mastication correcte
- un développement linguistique optimal
- une respiration nasale plus physiologique.
Sans traitement précoce :
- La croissance mandibulaire peut exacerber le décalage.
- Le problème devient plus difficile et invasif à corriger (souvent chirurgical à l’âge adulte).
- Risques d’usure dentaire, de problèmes parodontaux et de troubles fonctionnels.
En résumé, intervenir tôt face à une malocclusion de Classe III peut faire toute la différence. En profitant de la croissance de l’enfant, l’orthodontie précoce permet non seulement de corriger les déséquilibres fonctionnels et esthétiques, mais aussi d’éviter, dans bien des cas, des traitements lourds à l’âge adulte.
Chaque enfant est unique, et un diagnostic précoce permet de mettre en place une stratégie personnalisée, adaptée à sa croissance et à ses besoins.
Un simple bilan dès les premiers signes peut poser les bases d’un sourire harmonieux et d’un développement facial équilibré.
Le traitement précoce de la classe III constitue un enjeu majeur en orthodontie pédiatrique. Lorsqu’il est bien indiqué et correctement conduit, il permet de moduler favorablement la croissance faciale, de corriger les dysmorphoses fonctionnelles ou squelettiques débutantes, et dans certains cas, d’éviter des traitements chirurgicaux ultérieurs.
Il est donc essentiel que les praticiens soient formés à identifier précocement les signes cliniques et fonctionnels évocateurs d’une classe III, afin de proposer une prise en charge adaptée, fondée sur une analyse précise du diagnostic différentiel (dentaire, squelettique, fonctionnel).
Maîtriser les protocoles de traitement interceptif (masque facial, disjonction maxillaire, etc.) et savoir déterminer le bon timing d’intervention sont des compétences clés pour optimiser le pronostic à long terme.
En somme, la Classe III est un défi orthodontique, mais aussi une opportunité : celle d’agir tôt pour guider la croissance et construire l’équilibre oro-facial de demain.